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Extraits: Pourquoi Daech
Extraits de "Pourquoi Daech nous tue"
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Extraits de "Pourquoi Daech nous tue": pages 53-54
"Ni gêne, ni remords
Certains lecteurs pourront être étonnés de l’absence de gêne chez les écrivains musulmans de la période pré-coloniale lorsque ceux-ci font le récit des affaires sanglantes ordonnées par leur prophète ; il n’y a pas lieu de s’en étonner : Mahomet, pour eux, étant l’étalon du bien et du mal, ce qu’il ordonne est forcément le bien et ce qu’il interdit forcément le mal. Ceci demeure jusqu'à aujourd'hui la base du droit et de la morale islamique. Si ces lecteurs s’en offusquent, c’est que, simplement, ils ne se sont pas - encore ?- adaptés à ce système de pensée. Cette franchise, qu’un non-musulman pourrait croire naïve, n’est que le produit d’une pensée close sur elle-même, indifférente à toute opinion émanant de l’extérieur de la communauté islamique. Cette brutale crudité des écrits sanctifiés de l’islam est néanmoins d’une immense utilité pour celui qui veut percer l’obscurité qui enveloppe les débuts de la religion de Mahomet ; il ne faut jamais oublier que les textes musulmans, inévitablement partiaux, sont les seuls documents disponibles."
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Extraits de "Pourquoi Daech nous tue": pages 56-57
"L'assassinat de Ka'b ibn al-Ashraf
Ka’b ibn al-Ashraf était le fils d’une femme de la tribu juive des Banou Nadir et d’un homme de la tribu des Tayyis. Il était aussi apparenté à nombre des chefs qoreichites tombés à Badr. Bon versificateur, cette circonstance le poussa à attaquer le Prophète. Il le cribla de tant d’épigrammes que Mahomet en vint à souhaiter sa fin :
Voici ce que le hadith CLVIII, du Titre LVI, volume 2, page 356, de la collection de Bokhâri (Adrien Maisonneuve, Paris, 1977), nous apprend de cet événement :
«1. D’après Djâbir-ben-Àbdallah, le Prophète a dit :
- Qui se chargera de Ka’b-ben-el-Achraf, qui a mal agi envers Dieu et son Envoyé ? Mohammed-ben-Maslama dit alors :
- Veux-tu que je le tue, Envoyé de Dieu ?
- Oui, répondit le Prophète. »
Il se forma un commando de cinq hommes, dont le chef, selon Gaudefroy-Demombynes, était Abou Naïla. L’exécution eut lieu pendant la nuit. En route vers le petit château de Ka’b, les tueurs furent accompagnés un bout de chemin par Mahomet qui les bénit avant de les quitter. Ka’b, raconte la Tradition, venait de se marier : il était en compagnie de sa jeune femme et c’est le corps parfumé qu’il répondit à l’invitation de Mohammed ben Maslama. Celui-ci, avec la permission de son prophète, se fit passer pour un opposant secret à l’islam, un déçu de la politique de Mahomet. Ka’b, intéressé, descendit rejoindre Mohammed, ce malgré les mises en garde de son épouse. Laissons Tabari, le pieux rédacteur médiéval de la biographie de son prophète, nous raconter la suite :
« Silkân [l’un des membres du commando], de temps en temps, passait dans la chevelure de Ka’b sa main, qu’il portait ensuite à son nez pour en respirer l’odeur. Quand ils furent arrivés au milieu du verger, Silkân saisit fortement Ka’b par les cheveux et dit : Chargez ! Mohammed, fils de Maslama, le serra également, et ‘Hârith, fils d’Aus, vint à leur aide, et tous les trois le maintinrent ainsi. Les autres prirent leurs sabres et le frappèrent. Quelqu’un du château, apprenant cet événement, donna l’alarme ; on alluma des torches, et la femme de Ka’b jetait des cris du haut de la terrasse. Elle fut tuée par les Arabes qui se retirèrent ensuite. » |3-6|
(Résidant parmi les Banou Nadir, tribu juive et arabe, Ka’b était considéré par Tabari comme juif. À l’époque où écrivait Tabari le judaïsme avait été chassé d’Arabie, plus particulièrement de..."
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Extraits de "Pourquoi Daech nous tue": pages 80-81
"La guerre sainte : un acte rituel
Le Coran et les nombreux exemples donnés par le Prophète firent de la pratique du djihad un acte rituel obligatoire, au même titre que la prière, les rituels de purification…etc.
Exemple tiré d’un recueil de droit malékite :
« Le djihad, mené du côté où l’ennemi est le plus préoccupant, au moyen d’expéditions faites chaque années, et ce, même si l’on craint des coupeurs de route musulmans [brigands], est, comme la visite, le h’adjj, à la Kaaba, d’obligation communautaire, … pour tout croyant, libre, mâle, pubère et sain d’esprit, capable d’y prendre part. |4-7| »
Exemple tiré d’un recueil de droit shaféite :
« La Guerre Sainte (djihâd) est d’obligation canonique com-munautaire :… Il est recommandé de multiplier les expéditions, mais le minimum suffisant est de procéder au djihâd une fois par an. … Il n’y obligation à prendre part au djihâd que pour le mâle libre, pubère, sain d’esprit et capable de le faire. |4-8| »
Exemple tiré d’un recueil de droit hanbalite :
« Quand la guerre est offensive, elle constitue un devoir d’obligation collective (fard kifaya) : une partie des Musulmans en assurent l’exécution et les autres s’en trouvent dispensés. Le mérite moral en revient uniquement à ceux qui la font. … Quand les Musulmans sont attaqués, la guerre devient un guerre défensive ; elle constitue un devoir d’obligation individuelle (fard ‘ ain) pour tous les fidèles, mêmes s’ils ne sont pas personnellement attaqués. |4-9| » "
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Extraits de "Pourquoi Daech nous tue": pages 108-109
"Première apparition du voile féminin islamique
Safiya allait pouvoir expérimenter les effets d’une nouvelle et très exemplaire initiative du Prophète (ou de son dieu) : l’ordre pour toutes ses femmes de porter le voile. Bokhâri, Les Traditions islamiques, vol. 3, Titre LXIV, chap. XXXVIII, page 163 :
« 18. Anas disait :
- Le Prophète resta trois jours entre Khaïbar et Médine pour célébrer son mariage avec Safiya. Comme on n’avait ni pain ni viande, le Prophète se contenta de dire à Bilâl d’apporter des nappes. On les étendit, on mit dessus des dattes, du fromage et du beurre. Les musulmans ayant demandé si Safiya était une des mères des Croyants [surnom des femmes de Mahomet] ou une esclave concubine, on leur répondit : Si elle porte le voile, c’est qu’elle est une des mères des Croyants ; si elle n’en porte pas, c’est qu’elle est une esclave concubine. Lorsqu’on se remit en marche, le Prophète l’installa derrière lui et étendit un voile. » |6-8|
Allah finit par imposer à son Prophète, très porté sur le beau sexe, une certaine
retenue :
« Il n'est point licite à toi [, Prophète !, de prendre] encore [d'autres] femmes, en dehors de tes esclaves, ni de les changer contre [d'autres] épouses, fusses-tu ravis par leur beauté. Allah, de toute choses, est observateur. »
(Le Coran, Sourate 33, verset 52, trad.R.Blachère, Maisonneuve, Paris, 1950 ; les crochets sont du traducteur.)"
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Extraits de "Pourquoi Daech nous tue": page 10
"Le monde de l'islam au XVIIIe siècle
Si le monde musulman a connu un certain âge d'or, entre le VIIIe et le XIIe siècle de l'ère chrétienne, celui-ci est désormais loin derrière nous. Quel regard portait-on sur cette partie du monde, au XVIIIe siècle, dans cette Europe qui s'ouvrait vigoureusement aux « Lumières » ? Voici ce que disait de l'empire ottoman, et de sa tête, la Sublime Porte, un individu particulièrement bien informé, le roi de Prusse Frédéric II, vers 1740, alors qu'il cherchait, en homme dégagé des traditions religieuses, une alliance de revers contre la Maison d'Autriche. Cour de Vienne avec laquelle il était engagé dans une lutte acharnée pour la possession de la province de Silésie : « La nation turque a naturellement de l'esprit : elle est brave sans art ; elle ne connaît rien à la police ; sa politique est encore plus pitoyable. Le dogme de la fatalité, qui chez elle a beaucoup de créance, fait qu'ils rejettent la cause de tous leurs malheurs sur Dieu, et qu'ils ne se corrigent jamais de leurs fautes. |0-9| » et « Nous verrons dans la suite de cet ouvrage les différentes formes que prit cette négociation, et nous aurons lieu de remarquer souvent combien peu les nations orientales sont propres a suivre les principes d'une bonne et saine politique. Ce défaut vient surtout de leur grande ignorance sur les intérêts des princes de l'Europe, de la vénalité de ces peuples, et du vice du gouvernement, qu'assujettit tout ce qui est relatif à la paix et à la guerre aux décisions du mufti, sans la fetfa duquel il serait impossible de mettre en mouvement les troupes ottomanes. |0-10| »
Les effets économiques de ce mauvais gouvernement, par contraste avec l'Europe, apparaissent aux voyageurs qui traversent alors les pays ottomans, la Perse ou le Maghreb.
L'introduction progressive des méthodes modernes d'évaluation permettent, pour 1900 encore, peu avant la fin définitive du régime ottoman en Syrie, de saisir cet état de vétusté : haut taux d'analphabétisme, quasi-absence de route et de transport roulé, misère rurale, faible sécurité juridique pour le fellah, vulnérabilité aux aléas climatiques, grande faiblesse de l'industrie, activité quasi-parasitaire des villes. L'empire ottoman avait conservé, presque sans changement, la Syrie dans son état médiévale |0-11|."
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Extraits de "Pourquoi Daech nous tue": page 13
" À l'autre bout du monde musulman, ce sont les Britanniques, animant la Compagnie des Indes orientales, qui commencent à pénétrer les territoires de l'empire moghol. D'abord collecteurs d'impôts pour le compte du Grand Moghol, ils finissent par contrôler militairement la riche province du Bengale (bataille de Plassey, 1757). Profitant de la désorganisation croissante d'un empire moghol incapable de se réformer et de faire face à la puissance des Mahrattes hindous, en révolte contre son autorité, la Compagnie va progressivement prendre le contrôle de la riche vallée du Gange, cœur humain et économique de l'empire. En 1737, Delhi capitale moghole, est mise à sac par les Mahrattes. En 1739, c'est au tour du souverain perse Nâdir Schâh de mener un raid sur la ville. En 1752, les Mahrattes, de rebelles montagnards et pillards qu'ils étaient, deviennent les protecteurs officiels de l'empire moghol. Cela n'empêche pas le chef Afghan Ahmad Shâh Durrani de faire piller Delhi en 1757 déjà. En 1758, les Mahrattes sont de retour, vaincus pourtant rapidement par les Afghans. L'empire moghol, hier l'un des plus puissants du monde, est une carcasse mourante que se disputent ses ennemis. En 1771, les Mahrattes installent sur le trône le Grand Moghol Shah Alam II. En 1803, la Compagnie britannique des Indes orientales défait les Mahrattes et prend le souverain moghol sous sa protection."
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